18 décembre : journée mondiale du migrant et du réfugié, en finir avec les contre-vérités

Un petit point lexique pour commencer…

  • Personne migrante : personne qui quitte son pays d’origine pour venir s’installer durablement dans un pays dont elle n’a pas la nationalité.
  • Personne exilée : personne contrainte de vivre hors de son pays pour survivre ou fuir des persécutions
  • Demandeur d’asile : personne qui a fui son pays parce qu’elle y a subi des persécutions ou craint d’en subir et qui formule une demande de protection.
    En France, les demandes d’asile sont examinées par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) À l’issue de l’instruction de sa demande, la personne est soit reconnue réfugiée, soit déboutée de sa demande, ce qui peut faire d’elle une personne « sans papiers ».
  • Réfugié.e : Statut juridique d’une personne ayant obtenu la protection d’un pays en raison des risques de persécution qu’elle encourt dans son pays d’origine à cause de son appartenance à un groupe national ou social, de sa religion, ou de ses opinions politiques.

 

 

Idée reçue n°1 : Il y a trop d’immigrés en France, « nous sommes face à une submersion migratoire »

. La France est loin d’être envahie même si l’immigration progresse.

. Les immigrés représentent environ 10,3% de la population française en 2022 (INSEE). À noter que, selon la définition de l’INSEE, les immigrés sont des personnes nées étrangères à l’étranger. Cela signifie que certaines de ces personnes sont devenues françaises.

. Alors que le nombre de migrants internationaux recensés à travers la planète a augmenté de 60 % entre 2000 et 2020. La France est forcément engagée dans ce mouvement, mais de façon modérée, avec une progression 36 %.

 

 

 

Idée reçue 2 : la France est  « un pays trop attractif pour les migrants »

. Les études montrent que la raison du départ se situe plutôt dans le pays d’origine (conflits, pauvreté, persécutions…) que dans le pays d’arrivée. Les parcours d’exil ne sont pas linéaires, le pays d’arrivée se dessine au fil du parcours de la personne exilée.

. Le système de protection sociale français n’est pas si attractif que ça. L’allocation pour demandeur d’asile est un peu plus élevée en France qu’en Allemagne, pourtant les demandeurs d’asile sont beaucoup plus nombreux à aller en Allemagne. 131 254 demandes en France en 2022 vs 217 735 en Allemagne (Eurostat).

. Si l’on rapporte le nombre de demandeurs d’asile à la population nationale, en 2022, la France était le 20e pays d’accueil de l’UE, avec 101 demandeurs d’asile pour 10 000 habitants. En moyenne, le taux moyen d’accueil à la fin de l’année 2022 dans les pays européens était d’environ 200 réfugiés pour 10 000 habitants (Eurostat).

 

 

 

Idée reçue 3 : « les immigrés volent le travail des Français »

. L’économie n’est pas un gâteau de taille fixe. Les immigrés contribuent à l’économie. Ils sont également des consommateurs de biens et de services et contribuent donc à la création d’emplois par ricochet.

. Les immigrés ne prennent pas le travail des Français. Ils sont par ailleurs surreprésentés dans les métiers pénibles et précaires.

. Les personnes étrangères, qu’elles soient en situation régulière ou irrégulière travaillent majoritairement dans des secteurs essentiels en pénurie de main-d’œuvre : médecins ou aides soignant·es, professionnel·les de l’aide à la personne, agent·es d’entretien ou de gardiennage…

 

 

 

Idée reçue 4 :  « les immigrés menacent notre sécurité : immigration = délinquance = insécurité »

. 98% des délits commis par des personnes étrangères sont liés à une situation précaire : vol, vente à la sauvette, détention de faux papiers… Ces personnes étrangères sont finalement très rarement condamnées pour des faits criminels.

. Par ailleurs, à délit identique, les probabilités de condamnation de personnes étrangères sont plus élevées que celles d’un national, notamment car elles n’ont pas de garantie de représentation. Les condamnations sont également plus lourdes. Cela aboutit à une surreprésentation des personnes étrangères en milieu carcéral.

 

 

Pour aller plus loin : « En finir avec les idées fausses sur les migrations », Éditions de l’Atelier

 

article posté le : 18/12/2023